Depuis 20 ans, à rebours de toutes les promesses qui accompagnent la numérisation, le recours massif à internet, au smartphone et aux réseaux sociaux accélère l'effondrement du lien social et la fascisation de la société. Porté par des multinationales hégémoniques, le numérique a servi à démanteler et privatiser les services publics, à accélérer les flux de marchandises et à disqualifier bon nombre de savoir-faire. Nous assistons à une captation des cerveaux et des liens communautaires au bénéfice de ces entreprises. Les soirs d'élections, nous en sommes réduits à croiser les doigts pour que les capacités de surveillance orwelliennes développées ces deux dernières décennies ne tombent pas, prêtes à l'emploi, entre les mains d'un gouvernement d'extrême droite.Au niveau de ses chaînes d'approvisionnement et de ses impacts écologiques, l'industrie numérique planétaire, avec sa croissance exponentielle, est une bombe climatique et toxique. Des mines aux data centers en passant par la production de semi-conducteurs, elle asservit une main-d'œuvre précaire, siphonne des quantités colossales d'eau et d'énergie, accumule des montagnes de déchets. En démultipliant et en accélérant toutes ces tendances, le déploiement de l'intelligence artificielle (IA) promet des lendemains plus sombres encore. En deux mots : la société numérique d'aujourd'hui est insoutenable, celle qui vient s'annonce cauchemardesque.N'attendons plus : il devient urgent de freiner.
Des propositions : Pourquoi ? Pour qui ?
Les menaces que fait peser l'industrie numérique sur le vivant, l'emploi ou les libertés fondamentales peuvent sidérer en donnant le sentiment de phénomènes planétaires insaisissables. Pourtant, agir à l'échelle locale, à partir des communautés dans lesquelles nous vivons, est non seulement possible, mais décisif. C'est l'échelle plus efficace pour sortir de l'impuissance et recréer des liens fragilisés par le déferlement technologique. Pour se donner les moyens, progressivement, de reprendre la main sur les objets qui nous entourent et sur nos besoins fondamentaux. C'est dans cette perspective qu'est rédigée cette boîte à outils pour une désescalade numérique. Elle vise à nourrir la réflexion des élu.es et des candidat.es qui élaborent leur programme en vue des prochaines élections municipales. Ce travail inédit est le fruit d'une réflexion collective menée depuis un an par une trentaine d'associations et collectifs spécialisés dans l'analyse des impacts de ces technologies. Nous espérons que ces propositions inspireront votre équipe, que vous y puiserez librement pour composer votre programme, tout en respectant l'esprit d'urgence écologique et de justice sociale qui les anime.
Des propositions concrètes
Nous avons cherché des mesures immédiates et applicables qui puissent emporter l'adhésion du plus grand nombre. Certaines d'entre elles visent simplement à limiter la dépendance à l'informatique pour rétablir une sécurité élémentaire face au risque de cyberattaques et de pannes des réseaux (d'électricité, de télécommunication...).D'autres visent à garantir l'accès aux droits sociaux et aux services publics sans numérique. D'autres encore servent à valoriser l'humain et à construire des emplois pérennes à l'échelle des communes. D'autres, enfin, veulent contribuer à limiter les dégâts écologiques et sanitaires du numérique.Certains points de ce programme permettent de réaliser des économies parfois substantielles, d'autres propositions appellent des investissements. Elles nécessitent, de toute façon, d'être adaptées à la taille et aux spécificités de votre commune.